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Comment les industries évitent les catastrophes
Étudier les grands accidents industriels comme celui de Fukushima permet de comprendre comment les équipes réagissent et s’adaptent aux situations graves et inédites. Objectif : rendre les industries plus résilientes.
Fukushima Daiichi, le 15 mars 2011 : une cinquantaine de salariés de la centrale nucléaire tentent de refroidir les réacteurs afin d’empêcher la fusion de leur cœur. Sans électricité, sans contact avec l’extérieur, ils prennent des décisions dans l’urgence hors de toute procédure, et agissent avec les faibles moyens sur place. Grâce au directeur de la centrale de Fukushima Daiichi, Masao Yoshida, qui décide contre sa hiérarchie d’injecter de l’eau de mer, la fusion des cœurs est évitée. C’est ce type de situation qu’étudie Franck Guarnieri, directeur du Centre de recherche sur les Risques et les Crises (CRC) de MINES ParisTech, membre de l'institut Carnot M.I.N.E.S. « Nous nous intéressons à l’ingénierie de l’urgence, la manière dont les équipes font face à une défaillance technologique d’une ampleur inégalée, avant l’arrivée des pompiers et des forces de secours, indique le chercheur. Leurs décisions ont des conséquences gigantesques : si les équipes japonaises n’avaient pas contrôlé le réacteur de Fukushima, la catastrophe aurait été 350 fois plus grave. » On comprend dès lors l’importance d’analyser la manière dont les équipes s’organisent et prennent leurs décisions!
Quatre événements de référence
Pour ces recherches, les chercheurs du CRC s’appuient sur les données brutes, par exemple les 400 pages de témoignage du directeur de la centrale de Fukushima. Leur choix s’est porté sur les événements pour lesquels on dispose de données utilisables. Tout d’abord, la mission lunaire Apollo 13, où l’explosion d’un réservoir d’oxygène avait contraint les astronautes et les équipes de contrôle au sol à trouver des solutions non prévues. Ensuite, bien-sûr, l’accident nucléaire de Fukushima Daiichi. Autre catastrophe étudiée : l’explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon en 2010, qui aurait pu créer la plus gigantesque marée noire jamais connue si elle n’avait pas été maîtrisée. Etonnamment, le dernier événement examiné n’est pas une catastrophe : c’est la coupe de l’America. « Cette compétition nautique à la voile de très haute technologie permet d’étudier la concentration des moyens d’ingénierie, et la proximité entre l’équipage et les ingénieurs », précise Franck Guarnieri.
Vers des industries résilientes
Grâce à ces études, le CRC peut aider les industriels à prévenir les risques graves. Comment? D’abord, en les sensibilisant. « Lorsqu’un problème technique survient, la réponse n’est pas uniquement technique, mais aussi organisationnelle », rappelle Franck Guarnieri. Ensuite, en tentant de comprendre comment ces industriels agissent face à un événement important. « Nous ne sommes pas des consultants, même si nous avons développé une plate-forme logicielle pour la société Préventeo spécialiste du diagnostic des risques. En revanche, nous pouvons apporter un regard neuf sur leur gestion des risques, identifier l’inefficacité de certaines mesures techniques ou organisationnelles, en nous basant sur nos données et celles des industriels. » Ces travaux permettront de concevoir des industries résilientes, capables de retrouver un état acceptable rapidement après un traumatisme.
Article rédigé par Cécile Michaut, journaliste scientifique
Contact : Franck Guarnieri
Tél. 04 93 95 74 72
Centre de recherche sur les Risques et les Crises
MINES ParisTech / Armines
06904 Sophia-Antipolis - France
Pour aller plus loin
> Vidéo : Fukushima : le pire évité grâce à l’ingénierie de l’urgence
> Livre : L'accident de Fukushima Dai Ichi / Le récit du directeur de la centrale - Volume 1 - L'anéantissement









