3 questions à Eric Ballot, responsable du projet Industrie Responsable
I - Quels sont les grands défis pour l’industrie française aujourd’hui ?
L’industrie française est aujourd’hui à une période charnière : les modèles qui ont promu la baisse des coûts de production et conduit aux délocalisation, se sont avérés inopérants pour répondre aux défis actuels que sont les enjeux de la transition environnementale. Ces enjeux obligent les entreprises soumises par ailleurs à de fortes injonctions à devenir plus résilientes et responsables. Au contraire de ses homologues allemands, l’industrie française souffre d’un déficit d’image. Les enquêtes d’opinion montrent que les Français en ont une image négative : cela se traduit par un manque d’attractivité auprès des jeunes diplômés. Pour que l’industrie soit attractive, il faut qu’elle apparaisse comme vertueuse, ce changement nécessite un effort d’investissement scientifique important.
II - En réponse à ces défis, le Carnot M.I.N.E.S promeut une industrie « responsable », c’est-à-dire ?
Depuis une dizaine d’année, la vision du futur de l’industrie qui s’est imposée est le modèle allemand dit « Industrie 4.0 ». Ce modèle est basé principalement sur la robotisation de l’outil de production et non sur son organisation. L’approche française consiste à réfléchir à la fois à l’intégration des nouveaux outils mais surtout à son impact sur les organisations. En cela, le Carnot M.I.N.E.S promeut une industrie « responsable ». Cette industrie « responsable » s’articule autour de deux piliers : plateformes numériques à forte valeur ajouté, fondées sur des couplages originaux (modèles explicites, I.A. nouveaux capteurs — outils) et reconfiguration des réseaux productifs fondés sur leur nouveaux enjeux de responsabilité (sociale et environnementale) et d'organisation
III. Quelles sont les attendus de ce projet, pour les entreprises et pour les chercheurs du Carnot M.I.N.E.S ?
Le Carnot M.I.N.E.S a vocation d’accompagner les entreprises dans leur transition. Ce projet est pour nous une belle occasion d’instaurer un véritable dialogue avec les industriels pour répondre ensemble aux défis que pose une industrie responsable. Des journées d’échanges seront organisées pour favoriser à la fois la recherche de solutions et l’émergence de collaborations originales avec des experts en sciences humaines et sociales dont la contribution à ce projet est un atout majeur.
Reconfigurabilité de la production, logistique, Internet Physique
Axe "Reconfiguration des réseaux productifs"
Les systèmes interconnectés de production : nouveaux enjeux des chaînes logistiques
Les évènements récents ont montré combien l’économie en général, et les systèmes de production en particulier, sont sensibles aux perturbations dans le cadre de réseaux de production de plus en plus interdépendants. La qualité des décisions que les responsables de production sont amenés à prendre est plus que jamais dépendante des risques et opportunités qu’ils sont capables de traiter, dans un laps de temps très court, alors même que les délocalisations et la focalisation des unités multiplient les étapes et les échelles géographiques et temporelles.
Pour apporter aux systèmes des degrés d’adaptation suffisants, le Centre de Gestion Scientifique de Mines Paris – PSL et le Centre de Génie Industriel d’IMT Mines Albi proposent de mobiliser les paradigmes de l’Internet Physique, qui préconise notamment de développer l’interconnexion des chaînes logistiques aussi bien en production qu’en distribution.
A travers une thèse de doctorat partagée entre les deux équipes, l’ambition est de concevoir et développer les concepts nécessaires aux systèmes de configuration adaptatifs des systèmes de production du futur. Ils permettront, dans un contexte désormais foncièrement instable, de prendre sereinement des décisions qui augmenteront la capacité des réseaux de production à se reconfigurer dynamiquement pour maintenir leurs niveaux de performance dans une dynamique responsable et durable.