Alina Glushkova replace l’humain au cœur de la technologie

De son propre aveu, c’est un parcours atypique qui a mené Alina Glushkova jusqu’à MINES ParisTech. Née en Russie et après une enfance en Grèce, elle arrive en France à ses 18 ans et suit un parcours universitaire pluridisciplinaire. Après une première expérience professionnelle dans le conseil, elle réalise que ce monde-là ne lui convient pas et découvre alors l’univers de la recherche en étant accueillie comme doctorante externe au Centre de Robotique (CAOR) de MINES ParisTech dans le cadre de sa thèse à l’Université de Macédoine en Grèce.

 

Pendant 3 ans, ses travaux portent sur les technologies de capture du mouvement et de reconnaissance du geste utilisées pour la transmission des savoir-faire manuels. Son premier cas d’application concerne l’univers des artisans potiers et lui permet de combiner l’innovation avec sa passion développée depuis l’enfance pour les activités culturelles et artistiques. Grâce à des caméras et capteurs spécifiques, Alina Glushkova extrait les données permettant de visualiser et modéliser les gestes répétés pendant le processus de création d’un objet. Elle développe alors une méthodologie et un système capable de comparer ce modèle avec le mouvement d’un apprenti. Lorsque ce dernier dévie du mouvement de son maître, l’accompagnement « sensori-moteur » lui signale les points à corriger via un feedback visuel ou sonore.

 

Suite à sa thèse, Alina Glushkova a poursuivi l’exploration de cette méthode à d’éventuelles utilisations en domaine industriel pour les métiers manuels du luxe où l’expertise, la dextérité et le savoir-faire des artisans sont essentiels. Ce post-doctorat financé par le Carnot M.I.N.E.S visait à concevoir un espace de travail intelligent qui reconnaîtrait les postures et gestes de l’opérateur en numérisant ses informations biomécaniques (trajectoire du mouvement, rotation dans l’espace,…).

 

La capture, la modélisation et la reconnaissance de gestes professionnels permettraient de mieux comprendre les composants de ces gestes, les préserver via la numérisation ainsi que d’identifier les postures ou mouvements qui présenteraient un danger potentiel du point de vue de l’ergonomie. Ainsi au-delà de l’enjeu de préservation et transmission des savoir-faire, le projet a abordé les enjeux de prévention des troubles musculo-squelettiques que connaissent ces professions aux gestes précis et répétés à longueur de journée.

 

En ce moment, Alina est impliquée dans 2 projets européens. Le premier est un projet de robotique collaborative et industrie 4.0 « COLLABORATE ». Son objectif est d’améliorer la perception des robots par les opérateurs et de rendre la collaboration plus naturelle et fluide. Les résultats du projet sont appliqués dans l’univers du manufacturing et des lignes d’assemblage notamment dans les secteurs automobile, aéronautique ou de production d’appareils électroménagers. Alina travaille sur l’analyse du geste professionnel afin d’identifier les facteurs qui impactent son ergonomie (âge, morphologie du corps, expérience, genre, gaucher/droitier etc.) et prévenir les troubles musculo-squelettiques.

 

Le second, le projet « MINGEI », poursuit les travaux sur les technologies de capture du mouvement et de reconnaissance des gestes grâce à l’intelligence artificielle pour des artisans spécifiques : souffleurs de verre, tisseurs de soie ou agriculteurs de mastic sur l’île de Chios en Grèce. Là encore, le travail d’Alina Glushkova est essentiel pour numériser, modéliser et préserver des connaissances très anciennes des industries culturelles et créatives.

 

Ces 6 années de travaux et d’interactions avec les entreprises et les maisons de luxe ont fait émerger un besoin de profils professionnels spécifiques qui remettent l’humain au cœur de la conception des nouvelles technologies. C’est pour répondre à ces enjeux que Alina Glushkova a participé à la création du mastère AIMove « Artificial Intelligence and Movement in Industries and Creation » qu’elle codirige actuellement et qui accueille depuis la rentrée 2019 sa deuxième promotion d’étudiants qui construiront demain des systèmes permettant aux humains d’interagir avec les machines de façon plus intelligente et plus fluide dans les industries classiques, culturelles ou créatives. Les travaux des étudiants seront par ailleurs exposés lors du Research Day 2020 de MINES ParisTech.

 

Les travaux d’Alina alimentent bien évidemment l’offre de compétences du Carnot M.I.N.E.S pour le projet CARATS dédié à la filière Mode et Luxe (http://www.carats-innovation.com). A ce titre, ses recherches sur la préservation des savoirs faire ont été présentées dans le cadre des 1ères Rencontres CARATS qui se déroulaient en mai 2019 à MINES ParisTech.

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