Stéphane Avril : le parcours international d’un « biomécanicien »

Stéphane Avril a dirigé pendant plus de dix ans le Centre Ingénierie et Santé (CIS) de Mines Saint-Étienne, membre du Carnot M.I.N.E.S. Depuis 2020 il réside à Vienne, il est professeur invité de l’université technique autrichienne (TU) avec laquelle il a monté un laboratoire international.

Stéphane Avril, ingénieur de formation et diplômé de l’École des Mines de Saint-Étienne en 1996 s’est intéressé dès le départ aux matériaux. Puis, par la suite à la biomécanique et ses applications dans la santé. Ces recherches ont fait des émules et lui ont permis une reconnaissance au-delà de nos frontières.

Ainsi, après avoir passé cinq ans aux Arts et Métiers (2003-2007) il fait un premier séjour d’un an à l’étranger - en Angleterre - pour développer des compétences de pointe en biomécanique. Il intègre ensuite l’École des Mines de Saint-Étienne où il dirige le département biomécanique puis pendant 10 ans le Centre Ingénierie et Santé (2010-2020). Là, il gère les travaux d’une soixantaine de chercheurs, aux confins des sciences de l’ingénieur et du vivant.

Leurs compétences obtiennent une reconnaissance internationale en 2015 avec l’obtention de deux prestigieuses bourses du Conseil européen de la recherche (ERC) pour mener un programme pionnier sur les anévrismes aortiques. 

Avec ces travaux, les déplacements de Stéphane Avril à l’étranger se font de plus en plus fréquents, surtout à partir de 2014. Il passe ainsi deux mois par an hors de nos frontières, notamment à l’université Yale aux États-Unis.

Ses talents, il les valorise désormais à travers l’Europe, notamment en Autriche, où il poursuit les travaux effectués dans le cadre de l’ERC avec l’université technique de Vienne depuis 2020. Parmi ses objectifs: renforcer les relations internationales dans le secteur de la recherche malgré la crise sanitaire.
 

Une start-up qui développe la simulation numérique

En mai 2017, Stéphane Avril s’est associé à Jean-Noël Albertini, professeur de cardiologie, David Perrin, ingénieur des Mines et Alban Molle, banquier, pour créer la start-up PrediSurge. « La biomécanique est un secteur de recherche qui se prête très bien à la simulation numérique », explique Stéphane Avril. Ainsi, il travaille sur la biomécanique des artères et développe des simulations numériques permettant de prévoir la mise en place d'un dispositif médical implantable dans le système cardiovasculaire.

Cette start-up promeut une technique unique au monde de simulation numérique permettant de reproduire virtuellement les gestes chirurgicaux réalisés lors de la pose d’implants cardiaques et vasculaires, de manière prédictive et personnalisée.

L’objectif visé par PrediSurge est d’aider non seulement les chirurgiens à prendre en compte l’élasticité des artères, leur résistance dans les diagnostics, les traitements mais aussi les entreprises qui fabriquent les dispositifs médicaux. « Nous avons su répondre aux demandes des entreprises fabriquant ces dispositifs médicaux qui souhaitent accélérer leurs process industriels», précise Stéphane Avril.
 

« Le rôle capital de la mécanique dans les tumeurs »

Avec l’avancée des recherches, son équipe s’est mise à travailler à une échelle encore plus réduite. Elle se penche désormais sur “la mécanobiologie”, à l'échelle des cellules, pour développer des médicaments. « Le rôle de la mécanique dans la réponse cellulaire : la « mécanobiologie » est devenu notre principal axe de recherche », indique le chercheur.

Un nouveau projet de start-up, en cours de labellisation, pourrait proposer un système à destination des laboratoires médicaux pour étudier les paramètres mécaniques d’une biopsie. « Aujourd’hui aucune méthode rapide et efficace ne précise, en phase de diagnostic, la dureté des cellules. Or le rôle de la mécanique dans la croissance d’une tumeur ou d’un anévrisme est capital », explique Stéphane Avril.

« Nos recherches sont constamment encouragées par les applications industrielles dans le domaine des technologies médicales et plus récemment pharmaceutiques. Le transfert de connaissance et les évolutions de nos travaux sont nos principales motivations » conclut, avec beaucoup de modestie, ce scientifique mondialement reconnu.

Pour en savoir plus sur Predisurge : https://www.predisurge.com/

Exemple de structure mécanobiologique dans une cellule de l’aorte - Copyright : DR