Deux amis, une thèse fructueuse, des encadrants motivés, et l’envie de se lancer dans les affaires… C’est ainsi que Nicolas Boissel-Dallier et Aurélien Codet de Boisse, anciens doctorants à IMT Mines Albi créent Iterop en 2013. Le concept de leur start-up : formaliser les processus métiers des entreprises des entreprises faisant appel à leurs services, afin d’accroître leurs performances.
« Quand nous nous sommes lancés, nous avions besoin de légitimer notre existence d’une part et d’une autre d’être épaulés pour créer notre société », relate Aurélien Codet de Boisse. C’est là qu’est intervenue l’équipe du Centre du Génie Industriel (CGI), notamment Frédérick Benaben, qui avait encadré la thèse de Nicolas Boissel-Dallier. Entre les entrepreneurs et les scientifiques, une relation informelle s’est d’abord instaurée. « Il y a eu beaucoup de discussions, d'échanges… ils nous montraient leurs avancées et nous donnions notre avis. Nous apportions notre regard externe porteur d'une expertise complémentaire mais convergente », ajoute l’enseignant-chercheur.
Le partenariat se formalise ensuite avec une thèse Cifre soutenue en 2020 par une chercheuse désormais employée par Iterop. Parallèlement, la jeune pousse décroche de prestigieux contrats, notamment avec Airbus.
En juillet 2021, elle entre dans le giron de Dassault Systèmes. La même année, cette PME fonde avec l’IMT un laboratoire commun baptisé « Deep Turtle ». Trois projets de thèse figurent à leur programme : la première s’achève en 2023, la deuxième a vu son sujet redéfini et il n’est pas exclu que la troisième soit, elle aussi, réorientée… signe d’une souplesse qui s’inscrit au cœur de leurs travaux.
Car c’est bien « d’agilité » dont il est question. Ce terme en vogue s’applique ici dans un cadre scientifique. « Les processus des entreprises sont extrêmement structurants, ils marquent fortement leur identité, mais ils revêtent également une dimension très rigide, voire sclérosante, qui peut être considérée de façon négative par les collaborateurs », explique Frédérick Benaben. Aussi le laboratoire commun s’attache-t-il à concevoir des outils de gestion se voulant les plus « agiles » possibles, c’est-à-dire susceptibles de s’adapter rapidement aux évolutions stratégiques décidées par les dirigeants.
Pour cela, ses travaux portent notamment sur les mécanismes à l’œuvre dans les réseaux sociaux. « Les gens savent les utiliser pour créer des flux de discussion, recevoir des notifications, etc. Les processus des entreprises peuvent hériter de ces mécanismes », indique le chercheur.
L’équipe de « Deep Turtle » s’emploie en outre à intégrer des outils d’intelligence artificielle à leurs recherches. Le cofondateur d’Iterop dresse à ce propos un parallèle avec les applications de géolocalisation « qui recalculent la route en fonction du chemin effectivement emprunté par les automobilistes ».
Finalement, Frédérick Benaben pointe les compromis nécessaires à la réussite de cette coopération : « Nous sommes à l’écoute des retours des entreprises et nous nous adaptons tandis qu’Aurélien et Nicolas acceptent que notre travail soit parfois lent et laborieux, ce n’est pas pour rien que le laboratoire s’appelle Deep Turtle ! »
Article par : Marina Torre